C’est assez facile de blâmer son micro quand on n’arrive pas à avoir le son qu’on veut, ou quand il y a des « défauts » dans le son capté. Je l’ai fait, et le fait encore parfois (de moins en moins, cependant. Je progresse tout de même!)
Alors que souvent, c’est le placement du micro qui fait défaut. C’est-à-dire qu’il aurait été facile de corriger ce défaut en faisant attention à bien placer son micro dés le départ, en le déplaçant un peu ou en l’orientant différemment.
Seulement, une fois dans la boîte, on ne peut plus faire machine arrière, et il faut travailler avec les pistes que l’on a. Autant les enregistrer correctement dés le départ, non?
Il faut donc d’abord bien comprendre comment fonctionnent les micros pour pouvoir optimiser leur placement, et comprendre comment l’ajuster pour obtenir le son que l’on recherche.
Directivité
Les micros sont caractérisés par leur directivité: cardioïde, en huit et omni-directionnel.
Les micro cardioïdes captent le son venant de devant eux principalement, mais aussi un peu sur les côtés. Ils ne captent pas les sons venant de derrière eux.
Il existe aussi des micros hyper-cardioïdes qui ont un rayon d’action un peu plus serré que les cardioïdes, mais qui captent un peu les sons juste derrière eux.
Les micros en huit captent devant et derrière eux, mais pas sur les côtés.
Les micros omni-directionnels captent dans toutes les directions.
Votre micro studio est très probablement cardioïde, donc il suffit de le pointer vers ce que vous voulez capter, et de lui faire tourner le dos à ce que vous ne voulez pas capter. Simple.
Gardez à l’esprit qu’il va capter un peu ce qui vient sur les côtés, cependant.
Pad et filtre
Beaucoup de micros studio ont un pad. C’est un petit interrupteur qui va permettre d’atténuer le signal de 10, 15 ou 20db, selon le micro. Très pratique quand vous enregistrez des sources très puissantes.
Ils disposent aussi souvent d’un filtre coupe-bas qui va couper les fréquences généralement en dessous de 80 ou 100hz.
Couper ces fréquences va permettre de réduire les bruits environnants, comme les ventilateurs d’ordinateurs.
Distance et ambiance
Plus vous approchez le micro de la source sonore, plus vous capterez du son direct de votre instrument et plus le signal sera fort. Vous ne capterez que peu de réverbération et d’échos venant de la pièce.
A l’inverse, plus vous placez le micro loin de la source, plus vous entendrez comment sonne l’instrument dans la pièce. Ce qui veut dire que si la pièce résonne trop et sonne mal, vous entendrez ces échos dans la piste.
Si la pièce ne sonne pas très bien, il faut donc approcher le micro pour réduire la part de son d’ambiance capté par le micro et augmenter la part de son venant directement de l’instrument.
Mais si vous vous placez trop près, ça ne va pas sonner très naturel et vous risquez l’effet de proximité.
En général, 30 à 50 cm est un bon point de départ pour la guitare acoustique et le chant. Un peu plus près pour les amplis (et encore, pas forcément…), et un peu plus loin pour les overheads de batterie.
Effet de proximité
Si vous collez le micro à votre bouche quand vous chantez, vous allez avoir une grosse voix bien sourde. C’est ça l’effet de proximité.
C’est bien pour les bandes annonces, la radio et les podcasts (et encore…), mais pour la musique c’est assez moyen.
Plus vous approchez le micro de la source, plus vous allez capter de basses. C’est très simple, mais il faut en avoir conscience.
Donc, ne collez simplement pas trop vos micros des sources.
Autant sur une piste seule, ça peut sonner assez bien si c’est ce que vous recherchez, mais si chaque piste d’une chanson a été enregistré avec beaucoup de basses, vous allez obtenir un mix très sourd et très désagréable.
En plus, à cet distance, si la source bouge, il y aura des variations dans le volume capté. Si le chanteur est collé au micro et bouge un peu, les variations de volumes seront perceptibles, alors que s’il est à 50 cm du micro, ces variations sont quasi imperceptibles.
Traitement acoustique
Parfois, bien placer son micro ne suffit pas. La pièce joue aussi un rôle important.
On peut éviter l’effet de proximité et les échos en enregistrant dans une pièce qui sonne bien. C’est-à-dire une pièce qui au minimum ne donne pas trop d’échos aigus désagréables.
Frappez des mains dans la pièce. Si vous entendez des résonances aiguës désagréables, c’est que cette pièce a besoin d’un peu de traitement acoustique.
Pour atténuer ces échos, le simple fait de placer des objets absorbants dans la pièce va améliorer son acoustique: un canapé, une bibliothèque pleine, etc…
Vous pouvez aussi placer des couvertures sur les murs s’ils sont nus. C’est pas très joli, mais ça marche bien.
A la maison, on enregistre souvent dans des conditions non-optimales, et peu de gens ont le budget pour traiter, voire insonoriser, une pièce totalement. Donc quelques couvertures, un canapé et si vous avez le budget quelques panneaux d’absorption en mousse pas chers suffisent.
Si vous avez compris ces principes simples, vous devriez être capables d’optimiser le placement de votre micro et d’en tirer le meilleur son possible en ajustant l’angle et la distance.
Prenez votre temps, et faîtes vos petites expériences en enregistrant le même instrument en variant distance et angle, et apprenez comment réagit votre micro. Apprendre à bien placer son micro prends du temps. Il faut le prendre. Ce n’est que comme ça que vous progresserez.