Tout est aussi complexe qu’on le veut bien. A l’inverse, tout est simplifiable ou au moins abordable en petits blocs digestes.
Enregistrer et mixer un album ou un EP est un procédé complexe mais on peut facilement le subdiviser en étapes distinctes. Ces mêmes étapes peuvent être aussi subdivisées en étapes plus petites et plus facilement gérables. Le tout devient une succession de petites procédures que vous pouvez analyser, maîtriser et enfin systématiser jusqu’à ce qu’elles deviennent des habitudes.
En simplifiant et systématisant vos approches un minimum, vous allez gagner en efficacité et en productivité. Voila la façon dont je simplifie chaque étape de la production musicale, ce qui me facilite la vie, me permet d’enregistrer et mixer plus vite et surtout de maintenir un haut niveau de qualité et d’efficacité à chaque fois.
L’objectif est de simplifier vos choix
Ca peut paraître contre-intuitif mais en limitant vos options vous allez décider plus rapidement donc perdre moins de temps à choisir, et vous allez être plus créatifs car vous allez devoir trouver des solutions pour réussir à faire ce que vous voulez dans le cadre que vous vous êtes imposés.
Car oui, se limiter, c’est fixer un cadre dans lequel évoluer. Quand le cadre est trop restreint, c’est du téléguidage et c’est intéressant pour personne. Quand le cadre est trop large, on ne sait pas par où commencer et on perd son temps en considérations pas forcément utiles.
Voici le cadre que j’utilise à chaque étape de la production musicale. Ce sont des principes simples qui guident mes actions et me permettent de faire mes choix rapidement et efficacement. Résultat : je peux enregistrer et mixer plus vite et très souvent mieux.
Ils peuvent paraître un peu trop restrictifs, mais en réalité pas tant que ça et mon temps et le temps de mes clients est précieux. Alors autant ne pas le perdre.
Ne testez que deux micros et deux placements à chaque fois
Si vous n’enregistrez pas chez vous, réfléchissez bien mais n’emportez pas dix micros. Deux suffisent pour vous donner un choix simple. Si vous enregistrez chez vous, limitez-vous à deux micros à tester.
Si vous devez enregistrer le chant par exemple, n’emportez que deux micros: votre statique préféré et un dynamique. Testez l’un. Enregistrez un couplet et un refrain. Testez l’autre. Enregistrez la même partie. Ecoutez. Comparez. Faites votre choix. Et c’est réglé.
Si vous emportez dix micros, vous allez vouloir les tester tous les dix, ce qui va prendre du temps et manger sur votre temps d’enregistrement à proprement parler, mais surtout qui va vous épuiser vous et l’artiste.
Une fois votre micro choisi, vous allez sûrement avoir besoin d’en ajuster le placement. Même méthode. Placez votre micro, enregistrez un peu, puis ajuster le placement et réenregistrez la même partie. Ecoutez et comparez. Prenez le meilleur placement. Si ce n’est toujours pas parfait, réajustez.
Le choix est vite fait et vous pouvez vous concentrer sur la performance plus rapidement.
N’enregistrez que deux prises
Si vous enregistrez dix prises, ça fait dix prises à écouter et combiner lors de l’édition. Honnêtement, je suis sûr que vous n’avez pas envie de passer votre soirée à éditer la batterie en choisissant la meilleure prise pour chaque section puis une fois votre section assemblée, en recaler toutes les imperfections.
Enregistrez deux prises, choisissez la meilleure pour base et corrigez ses imperfections avec la deuxième. Vous avez un choix simple. Pas dix. En plus, si la première prise est exceptionnellement bonne, pourquoi en enregistrer une deuxième? Si juste un détail vous embête, punchez et réenregistrez juste cette section.
Utilisez le moins de plugins possibles
Vous n’avez besoin que de cinq plugins pour faire un bon mix : un égaliseur, un compresseur, une reverb, un délai et un limiteur. Vous pouvez aussi peut-être ajouter un plugin de saturation ou un autre effet que vous aimez.
Pas besoin de plus. Ces 5 ou 6 plugins suffisent pour donner clarté, vie, punch et profondeur au mix. Dans 99% des cas, je n’ai pas besoin des plugins de modulation que j’ai. C’est dommage. Je suis tout de même content de les avoir dans le 1% de cas où j’en ai besoin, mais ils ne font pas partie de mes outils de travail principaux.
De la même façon que pour les micros, n’ayez qu’un ou deux plugins de chaque type. Par exemple, vous n’avez pas besoin de dix compresseurs. Limitez-vous à deux: un compresseur neutre et un compresseur plus vintage qui va colorer un peu le son. Ca vous donne un choix simple qui va impacter de façon significative votre rendu final, mais sans pour autant vous manger trop de temps. La question à se poser est alors hyper simple: est-ce que j’ai besoin/envie de colorer mon son de batterie oui ou non?
Ne passez pas trop de temps sur un mix
Plus vous passez de temps sur un mix plus il sera bon, non? En fait, pas forcément.
A l’inverse, si vous vous dites que vous n’allez prendre que deux heures pour mixer la chanson et que vous n’allez utiliser que tel et tel plugins, vous allez vous mettre une petite pression qui va vous booster efficacement et vous permettre de faire un bon mix plus rapidement. Vous allez faire vos choix plus vite, car ils seront plus simples et vous allez vous concentrer sur ce qui fait la différence.
Ca peut paraître bizarre mais ça marche souvent. Pas tout le temps, mais assez souvent pour en faire une « règle ».
Si vous passez dix heures sur un mix, vous allez vous fatiguer. Vous allez perdre de vue là où vous voulez aller. Vous allez vous laisser distraire par des imperfections, où vous allez vouloir essayer trop de nouvelles techniques ou de nouveaux plugins.
Travaillez sur le mix, faites ce qui est nécessaire, ce dont vous avez envie, et quand vous « séchez », c’est qu’il est temps d’arrêter ou presque.
Faites le mix en deux fois
Le mieux (du moins ce qui me va le mieux) est de faire le mix en deux fois. Une fois le mix bien avancé et quand je commence à m’essouffler et manquer d’idées, je m’arrête. J’y reviens le lendemain ou le sur-lendemain. Je réécoute le mix sur un autre système et des idées de corrections ou d’améliorations reviennent. Je peux réaborder le mix plus fraîchement, plus sereinement.
Faites deux ou trois mixes, pas plus
Dans la même veine, ne faites pas dix mixes de la même chanson. En général, le mix 1 est rarement le bon. Il y a toujours un petit truc ou deux à changer. D’où l’intérêt d’y revenir quelques jours plus tard. Faites les ajustements nécessaires, pas plus. Ne remixez pas la chanson entièrement : cela reviendrait à jeter tout votre travail à la poubelle.
Le mix 2 (ou 3) est souvent le mieux que vous pouvez faire. Ne vous épuisez pas à faire 4, 5, voire 6 mixes de la même chanson. Vous allez juste vous dégoûter de votre chanson.
J’espère que ces conseils vous ont été utiles. J’adorerais savoir quelles astuces VOUS utilisez dans votre home studio pour rester concentré et efficace. N’hésitez pas à partager vos trucs et laissez un commentaire !
photo via photopin